Pratiques culturelles pour les soins de santé : étude menée dans la Région Analamanga, Madagascar.

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Pratiques culturelles pour les soins de santé : étude menée dans la Région Analamanga, Madagascar.

Cultural practices for health care, study carried out in Analamanga Region,
Madagascar.

RASOLOFONIRINA Renaud Harisoa 1 , 2 , RASOAMANANJARA JeanneAngelphine 2 ,
RAKOTONANDRASANA David Harimbola 2

1 Laboratoire Central Bilharziose / Ministère de la Santé Publique – Unité Parasitologie / Institut
Pasteur de MADAGASCAR
2 Ecole Doctorale Nutrition, Environnement, Santé- Université de Mahajanga- MADAGASCAR

Résumé
Cette étude avait pour objectif d’identifier les différents types de cultures pratiquées pour les
soins de santé et de définir la perception de la population sur cette thérapie. Méthode : Il
s’agit d’une étude descriptive transversale réalisée par une enquête socio anthropologique de
la santé et menée dans trois Districts de la Région Analamanga. La population d’étude était
constituée de 405 individus âgés de 18 ans ou plus, résidant au moins 15 ans dans le District.
Résultats : Quatre vingt cinq pour cent (85,4%) des répondants font les pratiques culturelles
que ce soit en exclusivité ou en parallèle avec la médecine moderne. Les principales pratiques
concernaient la pratique de la thérapie religieuse par 74,3% des répondants des Districts
d’étude, la consultation d’un tradithérapeute (53,1%), la pratique de l’automédication
effectuée par les 52,1% des sujets, l’utilisation des plantes médicinales par les 44,9% des
sujets, la pratique du tabou pour les soins de santé (32,6%) et l’utilisation des fétiches pour
18,5% de la population d’étude. Malgré ces pratiques culturelles dont certaines semblent ne
plus être appropriées à l’exercice des soins conventionnels, trois quarts de la population
(74,1%) affirment la nécessité de cet usage et près de la moitié (47,2%) trouve que cette
pratique est assimilable aux soins de santé par la médecine moderne. Conclusion : cette étude
prouve que les pratiques culturelles jouent encore un rôle important dans la vie des Malagasy
et que certains optent pour la thérapie culturelle, sans se soucier de l’incidence éventuelle.
Mots-clés : Culture – socio anthropologie – santé – thérapie – Madagascar

Abstract
The objective of this study was to identify the different types of crops practiced for health care
and to define the perception of the population on this cultural therapy. Method: This is a
descriptive cross-sectional study by a socio-anthropological survey of health and conducted
in three Districts of the Analamanga Region. The study population consisted of 405
individuals aged 18 or over, residing at least 15 years in the District. Results: As a result,
85.4% of the subjects practice cultural practices either exclusively or in parallel with modern
medicine. The main practices concern the practice of religious therapy by 74.3% of people in
the Study Districts, the consultation of a traditional therapist (53.1%), the practice of self-
medication carried out by 52.1% subjects, the use of medicinal plants by 44.9% of subjects,
the practice of taboo for health care (32.6%) and the use of fetishes for 18.5% of the
population. Despite these cultural practices, some of which seem no longer appropriate for
the exercise of conventional care, three quarters of the population (74.1%) affirm the need for
this use and nearly half (47.2%) find that this practice is assimilated to health care by modern
medicine. Conclusion: This study proves that cultural practices still play a significant role in
the lives of Malagasy people and that some opt for cultural therapy, without worrying about
the possible impact.
Keywords: Culture – socio anthropology – health – therapy – Madagascar


Comment citer cet article : Rasolofonirina R H, Rasoamananjara JA, Rakotonandrasana D H.Pratiques culturelles pour les soins de santé : étude menée dans la Région Analamanga, Madagascar. Revue Sc. Santé. 2023;3(5) :1-9.

I- INTRODUCTION
Dans le monde, pour des raisons culturelles, sociales, économiques et infrastructurelles, certains
individus défavorisés rencontrent des difficultés pour l’accès aux soins et aux médicaments
convenables pour la santé et sont par conséquent plus vulnérables aux maladies et à la mort
prématurée [1]. Les statistiques récentes sur la couverture sanitaire universelle montrent qu’au moins
la moitié de la population mondiale n’a toujours pas accès aux services de santé essentiels et que les
plus pauvres rencontrent des obstacles financiers pour accéder aux soins appropriés [2,3]. Pour
remédier à ce problème d’inaccessibilité aux soins conventionnels et dans la résolution de leurs
problèmes de santé, la population ou groupe de population a adopté des pratiques de soin et de
guérison à leur manière et vis-à-vis de leur culture. En guise d’exemple, dans certains pays en
développement, la culture incluant coutumes, croyances et certains procédés traditionnels est
pratiquée depuis longtemps afin de préserver la santé ou de prévenir et traiter les maladies. Ces
pratiques culturelles sont généralement acceptées et sollicitées par la population [4,5]. En outre,
l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a introduit un nouveau chapitre supplémentaire dans la
Classification Internationale des Maladies (CIM-11) qui entrait en vigueur en 2022. La CIM-11 permet,
pour la première fois, de comptabiliser les consultations de médecine traditionnelle [6].

A Madagascar, la culture héritée de génération en génération exerce une influence sur la santé, sur les
croyances de la maladie et sur le mode de soins à admettre. Depuis son existence et pour les soins de
santé, la population malagasy a approuvé cette culture sous diverses formes de pratique. Selon des
études effectuées, même si les thérapies culturelles sous diverses formes et incluant la médecine
traditionnelle jouent un rôle important dans le traitement ou soulagement de certaines maladies dans la
communauté, on note cependant que leur pratique irréfléchie peut engendrer d’impacts négatifs sur la
santé des hommes et le bien-être de leur famille. Les principaux problèmes concernent l’absence de
preuves cohérentes de l’innocuité et de l’efficacité, par conséquent cela doit être traité comme un
problème de santé publique [7, 8].
L’anthropologie de la santé prend en compte l’ensemble des facteurs socioculturels intervenant en
santé. Elle servira pour la compréhension des problèmes liés à la santé [4], d’où l’intérêt de mener une
étude similaire à Madagascar. Cette étude quantitative, menée dans la Région Analamanga avait pour
objectif d’identifier des pratiques culturelles sur la santé et de décrire leur perception par la population.

II- MATERIELS ET METHODE

Type d’étude : Il s’agissait d’une étude descriptive transversale menée au niveau communautaire dans la Région     Analamanga à Madagascar en novembre 2019.

Sites d’étude :

Pour la réalisation de l’étude, trois Districts de la Région Analamanga étaient sélectionnés, à savoir Andramasina, Ankazobe et Manjakandriana. Ce choix était dicté par leur emplacement géographique (Nord-Ouest, Est, et Sud respectivement) permettant une représentativité optimale de la population de la Région.

Population d’étude et échantillonnage :

L’enquête a été réalisée auprès des personnes âgées de 18 ans et plus ayant résidé au moins 15 ans dans le district d’habitation. L’ensemble de la population, des deux genres, sans distinction d’ethnie, ni d’appartenance religieuse ni de statut culturel ou social constitue la base de l’échantillonnage. La taille de l’échantillon a été fixée par la formule: n = (ε² X  p X q) / I² = 384  ε = écart réduit (pour le niveau de confiance à 95%, la valeur type est de 1,96)  La prévalence (p) des pratiques culturelles attendue a été prise à 50% et la précision souhaitée était de 0,05. La taille finale d’échantillon dans chaque District était calculée de façon proportionnelle au   nombre de population respective. Ensuite, on a divisé le nombre dans chaque District par deux pour les communes urbaine et rurale. Ainsi, pour le district d’Andramasina, 123 individus (62 pour la population urbaine et 61 pour la population rurale) étaient inclus. Pour le district d’Ankazobe, 111 individus étaient inclus (56 pour la population urbaine et 55 pour la population rurale). Enfin, pour celui de Manjakandriana, 150 individus (75 pour la population urbaine et 75 pour la population rurale) étaient choisis. En vue d’éventuel refus de participation,  la taille de l’échantillon était majorée de 5% soit de 19,2 sujets arrondis à 20 sujets à répartir dans les 3 districts. Afin que chaque unité d’échantillonnage de la population puisse avoir une chance égale d’être incluse dans l’échantillon, on a adopté l’échantillonnage aléatoire simple. La taille finale de l’échantillon était de 405 individus.

Collecte des données
Le recueil des données a été opéré par une enquête d’interview directe de la population dans leur lieu
d’habitation en utilisant un questionnaire adapté, testé et validé à partir d’un questionnaire standard de
l’OMS [9, 10, 11]. Les variables étudiées portaient sur les caractéristiques sociodémographiques
(District, type de commune, genre, âge, niveau d’instruction et occupation) la conception et pratique de
la culture face aux soins de santé (Relation socio-sanitaire entre la population et les agents de santé,
les différents types de cultures pratiquées au niveau de la communauté, et les perceptions sur la place
et l’utilité des pratiques culturelles de soin de la santé).
Analyse des données
Les données issues de l’enquête ont été traitées avec le logiciel SPSS (Statistical Package for the
Social Sciences) 20.0. L’analyse descriptive a permis d’étudier les proportions, la mesure des
moyennes et des écarts types. On a appliqué le test statistique Khi² pour la comparaison des
proportions et pour la significativité des différences entre deux états ou phénomènes.
Considérations éthiques
Les valeurs éthiques ont été respectées. Le protocole de l’étude a été préalablement validé par le
Comité d’Ethique de la Recherche Biomédicale (CERBM) et respecte les droits de l’homme en vigueur
au niveau international. Les enquêtés ont été rassurés de l’anonymat et de la confidentialité des
informations leur concernant. Avant l’enquête proprement dite, une lettre de demande de
consentement éclairé était lue, comprise et signée par chaque participant. Les mesures éthiques ont
été respectées.

III-RESULTATS

Caractéristiques socio-démographiquesN%
Age en annéeMoyenne d’âge (44,58)
GenreMasculin17944,2
Féminin22655,8
Milieu d’habitationUrbain23056,8
Rural17543,2
Niveau d’instructionPrimaire20650,9
Secondaire11327,9
Lycée et plus8120,0
Non déterminé51,2
ProfessionSecteur primaire23257,3
Secteur secondaire225,4
Secteur tertiaire194,7
autres activités13232,6
La population d’étude était constituée d’individus habitant les communes urbaines et rurales. Il y avait plus de femmes (55,8%) que d’hommes. L’âge moyen était d’environ 45 ans.
La moitié a arrêté leur étude en primaire. La majorité travaillait dans le secteur primaire 88(57,3%).
a)              Pratiques culturelles de soins de santé
 

Tableau 2 : Répartition de la population d’étude qui a adopté des pratiquent culturelles selon les communes, l’âge, le genre, le niveau d’éducation et l’occupation

N%pratiques culturelles%p
Communes<0,001
Fihaonana6014,895,0
Ankazobe5212,863,5
Ranovao399,689,7
12831,686,7
Sabotsy7618,881,6
Andramasina5012,396,0
Age (année)<0,05
< 20 ans164,062,5
20-29 ans6215,379,0
30-39 ans8922,083,1
40-49 ans8019,8 90,0
50-59 ans7618,886,8
60-69 ans5714,187,7
70 ans et plus256,2100,0
Genre>0,05
Masculin17944,284,4
Féminin226 55,886,3
Instruction
Ecole primaire20650,990,3
Ecole secondaire11327,981,4
Lycée et plus8120,079,0
Non déterminé51,280,0
Occupation<0,05
Secteur primaire23257,389,2
Secteur Secondaire225,486,4
Secteur Tertiaire194,789,5
Autres activités13232,678,0

D’après les résultats présentés dans le tableau 2, la plupart (85,4%) des interviewés font des pratiques
culturelles de soins de santé.
Les relations entre certains facteurs sociodémographiques et les pratiques culturelles de soins de
santé sont présentées dans le même tableau.
Ainsi, parmi les variables étudiées, les communes d’habitation de la population étaient associées aux
pratiques culturelles de façon très significatives (p-value < 0.001) et le pourcentage de population qui
les pratiquait variait de 63,5 à 96% selon les Communes.
L’analyse des pratiques culturelles par rapport aux classes d’âge avait montré que le taux de pratique
augmentait sensiblement avec l’âge, de 62,5% pour les moins de vingt ans à 100% pour les 70 ans et
plus, avec une association significative (p-value < 0.05). Le taux de pratique aussi bien pour les
femmes que pour les hommes sont sensiblement le même, respectivement de 86,30% et de 84,40%
mais l’association n’était pas significative (p = 0,585). Une association significative, à p=0,043, a été
également observée entre le niveau d’instruction et les pratiques culturelles, le taux de pratique
variait sensiblement et inversement avec le niveau d’instruction, de 90,3% pour les sujets de niveau
primaire à 79% pour ceux qui ont atteint le niveau lycée ou plus. Enfin, l’association significative avec

le caractère social « Occupation » (p-value < 0.05) a été aussi remarquable, pour les trois secteurs
d’activités (primaire, secondaire et tertiaire), les taux de pratique étaient respectivement de 89,2%,
86,4% et 89,5%.

Tableau 3: Répartition des caractéristiques culturelles effectuées par la population d’étude

Cultures pratiquéesOUI N(%)NON N(%)
Thérapie spirituelle religieuse (N=405)301(74,3)104(27,5)
Praticien traditionnel (N=405)215(53,1)190(46,9)
Automédication (N=405)211(52,1194(47,9)
Plantes médicinales (N=405)182(44,9)223(55,1)
Tabous (N=405)132(32,6)273(67,4)
Talisman (N=405)75(18,5)330(81,5)


Ce tableau 3 présente les principaux types de pratiques culturelles analysés dans la présente étude.

Elles concernent :

  • la thérapie spirituelle religieuse, pratiquée par les trois quart (74,3%) des sujets enquêtés;
  • les consultations d’un praticien traditionnel, pratiquée par les 53,1% des sujets ;
  • l’automédication, pratiqué par plus de la moitié (52,1%) des sujets;
  • les soins de santé utilisant des plantes médicinales, pratiqués par les 44,9% des sujets ; le tabou,
    pratiqué par 32,6% des enquêtés; et enfin l’utilisation de fétiches ou talisman, pratiquée par près de 20% de la population d’étude.

Tableau 4: Relation entre les caractères sociodémographiques et les types de pratiques culturelles.

Caractéristiques sociodémographiquesN%p
Pratique de guérison spirituelle religieuse en fonction du genre  >0,05
 Masculin12770,9 
 féminin17477,0 
 Total30174,3 
Consultation d’un tradipraticien selon le Type de commune  <0,001
 Commune urbaine (n=230)14060,9 
 Commune rurale (n=175)7542,9 
 Total (n=405)21553,1 
Pratique de l’automédication en fonction de l’âge en année  <0,05
 15-19 ans (n=16)1275,0 
 20-29  ans (n=62)3658,1 
 30-39 ans (n=89)4853,9 
 40-49 ans (n=80)4455,0 
 50-59 ans (n=76)3140,8 
 60-69 ans (n=57)3256,1 
 70 ans et plus (n=25)832,0 
 Total (n=405)21152,1 
Utilisation  de plantes médicinales selon le Niveau d’instruction  <0,001
 Primaire (n=206)11656,3 
 Ecole secondaire (n=113)4338,1 
 Lycée et plus (n=81)2125,9 
 Non déterminé (n=5)240,0 
 Total (n=405)18244,9 
Pratique de tabou en fonction de l’Occupation  >0,05
 Secteur primaire (n=232)8134,9 
 Secteur Secondaire (n=22)1045,5 
 Secteur Tertiaire (n=19)842,1 
 Autres activités (n=132)3325,0 
 Total (n=405)13232,6 
Utilisation de fétiches par  District   
 Ankazobe (n=112)3329,5 
 Manjakandriana (n=167)3219,2 
 Andramasina (n=126)107,9 
 Total (n=405)7518,5 

Figurés dans le tableau 4, certains facteurs sociodémographiques sur la population d’étude ont été
étudiés vis-à-vis des modes de pratiques culturelles.
Ainsi,
 l’association entre la pratique de guérison spirituelle religieuse et la variable genre n’est pas
significative (p> 0.05), 70,9% pour les hommes et 77,0% pour les femmes.
 la pratique culturelle par la consultation d’un tradipraticien selon le type de la Commune
d’habitation a été rapportée : le taux de pratique a été un peu plus élevé (60,9%) chez la population
urbaine que celle de rurale. L’association a été très significative (p<0,001).
 Pour la pratique de l’automédication : les individus les moins âgés sont les plus pratiquants
(75,0%), tandis que les 70 ans et plus (32,0%) sont moins pratiquants. L’association est significative
(p< 0.05).
 l’utilisation de plantes médicinales selon le niveau d’instruction montre que la relation est
inversement proportionnelle allant de 56,3% pour les sujets de niveau primaire à 25,9% pour ceux de
lycée et plus. L’association était très significative (p< 0,001).
 la pratique de la thérapie avec le tabou en fonction du type de profession de la population a
montré que les individus du secteur secondaire étaient les plus pratiquants (45,5%) mais l’association
n’était pas significative (p>0,05).
 Et finalement, la distribution des sujets utilisant de fétiches pour les soins de santé au niveau
des Districts d’étude montre que les individus du District d’Ankazobe (29,5%) sont les plus utilisateurs
d’amulettes pour les soins de santé par rapport à ceux d’Andramasina (7,9%). L’association est très
significative (p=0,000).

Perception de la population sur la thérapie culturelle
Concernant la perception de la population sur la thérapie culturelle (Tableau 5), presque le trois quart
(74,1%) de la population étudiée avait rapporté que cette pratique culturelle est nécessaire.
L’association entre cette perception de nécessité des pratiques culturelles et le type de la Commune
était très significative (p<0,001), la population rurale l’utilisait plus que celle urbaine (81,7% contre
68,3% respectivement).
Évaluée en fonction de l’âge, les résultats ont montré que la proportion de répondants admettant la
nécessité des pratiques culturelles était plus élevée chez les plus de 70ans contre 68,8% de la classe
d’âge de 15-19 ans mais l’association n’était pas significative (p=0,92). Selon le genre, 74,9% des
individus masculins et 73,5% de ceux féminin ont été pour cette affirmation, l’association n’était pas
significative (p>0,05). Selon le niveau d’éducation, 67,9% des individus du groupe « Lycée et plus » et
80% de celui de « Non déterminé » étaient
pour cette déclaration, mais la différence d’association n’était pas significative. Enfin, parmi les
travailleurs, le taux de réponse est sensiblement le même pour cette option, respectivement 77,6% et
77,3% pour le secteur primaire et celui du secondaire (p<0,05).

Tableau 5: Relation entre perception de la thérapie culturelle et caractères sociodémographiques

 N%p
Type de Commune  <0,001
Commune urbaine (n=230)15768,3 
Commune rurale (n=175)14381,7 
Total (n=405)30074,1 
Genre  >0,05
Masculin (n=179)13474,9 
Féminin (n=226)16673,5 
Total (n=405)30074,1 
Age en année  >0,05
15-19 ans (n=16)1168,8 
20-29  ans (n=62)4471,0 
30-39 ans (n=89)6775,3 
40-49 ans (n=80)6075,0 
50-59 ans (n=76)5369,7 
60-69 ans (n=57)4477,2 
70 ans et plus (n=175)2184,0 
Total (n=405)30074,1 
Instruction  >0,05
Primaire (n=206)159159 
Ecole secondaire (n=113)8282 
Lycée et plus (n=81)5555 
Non déterminé (n=5)44 
Total (n=405)300300 
Occupation  <0,05
Secteur primaire (n=232)18077,6 
Secteur Secondaire (n=22)1777,3 
Secteur Tertiaire (n=19)1473,7 
Autres activités (n=132)8967,4 
Total (n=405)30074,1 

En outre, il a été rapporté par 47,2% de la population d’étude que ce genre de pratique de soins de santé est assimilable aux soins de la médecine conventionnelle. Le taux de réponses le plus élevé était enregistré chez les répondants de la Commune de Ranovao (92,3%), de la
Commune rurale (55,4%), de la classe d’âge de 40-49 ans (56,3%) et chez les travailleurs du Secteur
primaire (48,3%) sans différence significative (Tableau 6).

Tableau 6 : Compatibilité de la thérapie culturelle avec celle moderne :

 N%p
Nom de la Commune  <0,001
Fihaonana (n=60)3050,0 
Ankazobe (n=52)3159,6 
Ranovao (n=39)3692,3 
Manjakandriana (n=128)4938,3 
Sabotsy (n=76)3140,8 
Andramasina (n=50)1428,0 
Type de la Commune  <0,01
Commune urbaine (n=230)9440,9 
Commune rurale (n=175)9755,4 
Age en année  >0,05
15-19 ans (n=16)637,5 
20-29 ans (n=62)3353,2 
30-39 ans (n=89)4146,1 
40-49 ans (n=80)4556,3 
50-59 ans (n=76)3140,8 
60-69 ans (n=57)2747,4 
70 ans et plus (n=25)832,0 
Instruction  >0,05
Primaire (n=206)9948,3 
Ecole secondaire (n=113)4945,5 
Lycée et plus (n=81)4047,4 
Non déterminé (n=5)345,5 
Occupation  >0,05
Secteur primaire (n=232)11248,3 
Secteur Secondaire (n=22)1045,5 
Secteur Tertiaire (n=19)947,4 
Autres activités (n=132)6045,5 
Total (n=405)19147,2 

DISCUSSION La présente étude menée dans la Région Analamanga avait pour objectif d’identifier des pratiques culturelles sur la santé et de décrire la perception de la population sur ces pratiques. Ainsi, la discussion se porte sur trois facteurs : que sont la situation sociodémographique, les pratiques culturelles effectuées et la perception de la population sur la nécessité et la place de la thérapie culturelle.

Situation sociodémographique:
Enquête sur les variables sociodémographiques de cette étude montre qu’au moins 400 sujets devraient
être recrutés pour pouvoir estimer un taux de 50% avec un intervalle de confiance à 95 % et une précision de
5%. La taille finale de la population étudiée étant de 405 et que la population urbaine était plus nombreuse

que celle de rurale. L’écart de l’âge de la population d’étude était de 18ans à 79ans. Concernant le niveau d’instruction, les sujets de niveau primaire prédominent devant le niveau secondaire et le niveau lycée et plus. Pour la profession, les travailleurs du secteur primaires sont les plus nombreux.

Pratiques culturelles effectuées :
Face aux facteurs socioculturels, économiques et infrastructurels, les populations ont recours aux pratiques
culturelles de façon exclusive ou en complément de la médecine moderne. Ce qui rejoint les résultats d’une étude similaire menée au Togo, mentionnant que ceci se fait par l’engouement et l’admiration que les populations vouent pour la médecine traditionnelle [12]. Une enquête similaire menée à Ankazobe et à Brickaville a également montré que l’automédication était parmi l’itinéraire thérapeutique de la majorité de la population [13]. Pour cette étude, les individus âgés sont plus conservateurs de la tradition tandis que les jeunes qui ont plus de curiosité et d’expérimentation adoptent la modernité.

Utilisation des plantes médicinales :
L’utilisation de remèdes traditionnels à partir des plantes médicinales a été bien marquée dans la vie des
Malagasy notamment au niveau rural. Cela peut s’expliquer par la praticité et la proximité thérapeutique
traditionnelle. Une étude menée à la Martinique en 2015 pour le recours aux plantes médicinales a montré que 92,5% des patients interrogés ont répondu avoir utilisé de plantes médicinales locales au moins une fois dans leur vie. Les divers motifs de consultations concernent la grippe, les problèmes digestifs, la fièvre, ou autres maladies chroniques [14].

Soin avec de tradipraticien :
Le fait de consulter un tradipraticien constitue un des procédés de la pratique culturelle de guérison.
Ces tradithérapeutes sont plus accessibles et parfois considérés comme des divins dans la communauté. Le résultat d’une étude intitulée : « La place et les pratiques des devins-guérisseurs dans le sud-est de Madagascar », montre que les devins-guérisseurs, à titre d’exemple, occupent une place centrale au côté des chefs de communauté [15].

Aussi, une autre étude effectuée en Tunisie révèle que 12,6 % des 373 personnes interrogées avaient déjà
consulté au moins une fois un tradipraticien pour raison d’absence de solution médicale, d’insatisfaction par la prise en charge médicale et du coût élevé du traitement médical [16].
− Pratique de l’automédication :
Parallèlement aux soins traditionnels sous diverses formes, l’automédication qui s’expliquerait également par des facteurs culturels, est pratiquée par nos sujets d’études. La raison, à part les facteurs économiques, est que le concerné adopte cette pratique le plus souvent de sa seule initiative et sous un fort effet « diplôme ».
Une étude menée en 2002-2003 en France montre que les personnes ayant un niveau baccalauréat+ 2 ou supérieur ont un recours significativement plus fréquent à l’automédication [17]. La littérature rapporte également que le taux de prévalence de la pratique de l’automédication sur 666 interrogés est de 60%par une étude menée à la Réunion en 2013-2014 [18].

Pratique du tabou :
Une des modes culturelles, optée pour bon nombre des gens, concerne le tabou. Les Malagasy y attachent,
dans la vie sociétale, une valeur hautement significative. La peur de rencontrer des répercussions morbides
ou mortelles pour le non-respect des règles prescrites par les ancêtres expliquerait la considération
continuelle de cette pratique traditionnelle [19].

Utilisation de talismans :
L’utilisation des talismans a été également évoquée pour le traitement et soin du corps, notamment en cas
des maladies considérées surnaturelles, provoquées ou maléfiques. Les plus éduqués auraient tendance à
perdre peu à peu sa valeur du fait de leurs connaissances compatible avec le progrès de la science. On les
utilise avec l’invocation des esprits de toutes sortes et parfois sous prescriptions des guérisseurs. Selon
Pietro Lupo, les « sampy et ody » genre de talisman malagasy constituent d’objets considérés comme
réceptacles d’énergies sacrées et ayant une fonction protectrice ou guérisseuse [20]. La situation au Sénégal
mentionne que la confection d’amulettes est une pratique ancienne, destinée à guérir ou à protéger leurs
propriétaires [21].

La pratique de la thérapie religieuse :
Enfin, la thérapie spirituelle religieuse, adoptée pour le trois quart des sujets et bien pratiquée dans les trois
Districts d’étude, peut être utilisée seule ou parallèlement avec le soin conventionnel. Le praticien n’a pas
besoin d’avoir aucune notion médicale mais plutôt de suivre et respecter avec foi la prescription et le
principe de l’Eglise que ce soit pour une simple prière que pour une pratique de l’exorcisme. Il est mentionné
dans la littérature qu’ il y a un lien entre la foi et la guérison depuis la fondation du christianisme, et que ce

lien organique se développe notamment en Afrique [22]. Aussi, concernant la foi musulmane, il est indiqué
dans la guérison coranique que le saint Prophète déclara que le Coran était la meilleure médecine [23].

Perception de la population sur la nécessité et la place de la thérapie culturelle:
Bon nombre des sujets atteste que la pratique culturelle est nécessaire pour le soin du corps et la santé, ceci
peut être expliqué par le fait qu’ils peuvent y recourir puisque les facteurs géographiques et pécuniaires
constituent le plus souvent des obstacles à l’accès aux soins conventionnels. La littérature montre par
exemple que des femmes enceintes ont large recours aux matrones traditionnelles puisque leurs services ont
un très faible coût, voire sont gratuits [24]. Une autre étude effectuée en Afrique montre que 29,45% des
enquêtés «usagers» ont déclaré être attirés par la médecine traditionnelle vis-à-vis de son efficacité [12].
Egalement, près de la moitié de la population d’étude affirme que la pratique culturelle est compatible avec la médecine moderne. Cela peut être une affirmation gratuite, puisqu’on n’a pas de preuve scientifiquement valable. Une partie de la population est, d’une part, inconsciente de la limite et l’incidence éventuelle de la
pratique culturelle et d’autre part, elle devrait être obligée par les obstacles socio-économiques et culturels.
Une étude révèle, en guise d’exemple concernant les soins, que la confiance des populations dans les
médicaments traditionnels est liée à leur présomption d’innocuité et aussi au fait que géographiquement et
financièrement ils sont plus accessibles. Ces médicaments sont perçus comme sûr parce qu’ils sont d’origine
naturelle. Cette fausse perception d’innocuité a été démasquée par plusieurs études [22].

CONCLUSION
Les pratiques culturelles jouent encore un rôle important pour la santé de la population Malagasy. Dans cette
étude, nous avions trouvé que la plupart (85,4%) de la population, notamment les sujets âgés, effectuent la
thérapie culturelle de façon exclusive ou en
complément avec la médecine moderne. On a pu d’ailleurs constater que divers modes de pratique ont été
rapportés par les participants à l’étude. L’utilisation des plantes médicinales était pratiquée notamment chez
les sujets du niveau d’étude primaire. La consultation d’un tradithérapeute, était courante par la moitié des
participants surtout dans les milieux urbains.
La pratique de l’automédication, faite également par la moitié des gens au niveau des districts sanitaires. Le
respect du tabou se pratique pour le tiers des sujets d’étude.
L’utilisation des talismans, représentés par des objets magiques à visée protecteurs et adoptés pour la
cinquième de la population d’étude ; et enfin la pratique de la thérapie spirituelle religieuse est élevée selon
le niveau d’instruction.
Pour les perceptions de la population vis-à-vis de la thérapie culturelle, la plupart de la population y est
favorable et atteste la nécessité de cette pratique pour le soin et la protection de la santé. Aussi, près de la
moitié des sujets d’étude quel que soit leur niveau d’instruction, trouve que cette thérapie typiquement locale
est compatible avec la médecine moderne.
Les Malagasy attribuent une valeur significative à la culture pour les soins de santé. Certains ignorent ou
mésestiment les conséquences néfastes possibles de ces pratiques culturelles. L’encadrement des
thérapeutiques culturelles et des tradipraticiens seraient nécessaires pour limiter ces inconvénients.

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Facteurs influençant le don de sang bénévole à MADAGASCAR : étude qualitative.

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Factors influencing voluntary blood donation in Madagascar: qualitative study.

Pâquerette Sahondranirina Hanitriniala[1],3, Rakotonandrasana Harimbola David [2],3, Rasoamananjara Jeanne Angelphine[3]

1 Institut National de Santé Publique et Communautaire, Mahamasina, Antananarivo, Madagascar 2 Centre Hospitalier Universitaire Mère et Enfant Ambohimiandra, Antananarivo, Madagascar

3 Ecole Doctorale Nutrition-Environnement-Santé, Université de Mahajanga, Madagascar


Résumé 

Objectifs : Bien que le don de sang bénévole ne représente que 20% de l’ensemble de sang collecté, son importance est capitale étant donné les besoins spécifiques pour la transfusion sanguine. La présente étude vise à explorer les facteurs influençant les dons de sang bénévoles à Madagascar. Méthode : Une étude qualitative basée sur douze interviews individuelles et trois séances de focus group ont été menées dans la région Analamanga et la région Boeny.  Les participants étaient composés d’individus donneurs de sang familiaux, des donneurs de sang bénévoles actifs, des donneurs de sang bénévoles ayant cessé de le faire, et des individus qui n’ont jamais donné de sang. Le même guide de questionnaire a été élaboré pour les interviews individuelles et pour les séances de focus group. Toutes les discussions ont été enregistrées avec un dictaphone digital puis transcrites mot pour mot. Les données transcrites ont été analysées manuellement en commençant par le fractionnement par concept, suivi de codage ligne par ligne. Les codes similaires ont été regroupés en catégories puis ces dernières ont été regroupées à leur tour pour identifier des thèmes récurrents dans l’ensemble des données. Résultats : Nous avons identifié neuf thèmes récurrents repartis en quatre groupes : 1) facteurs individuels, 2) facteurs liés au fonctionnement de la structure collectant le sang, 3) facteurs socioculturels, 4) facteur contextuel. Conclusion : La plupart des facteurs identifiés dans cette étude nécessite des actions ciblées à court et à long terme, regroupées en trois axes : 1) l’amélioration du fonctionnement des structures de collecte et de distribution du sang ; 2) le renforcement de la sensibilisation en faveur du don de sang bénévole ; 3) de meilleures préparations pour faire face aux éventuelles catastrophes sanitaires. Mots clés : facteur influençant, don de sang bénévole, recherche qualitative, Madagascar.

Abstract:

Objective: Although voluntary blood donation represents only 20% of all blood collected, its importance is paramount given their specific needs for blood transfusion. This study aims to explore the factors influencing voluntary blood donations in Madagascar.Method: A qualitative study based on twelve individual interviews and three focus group sessions was conducted in the Analamanga and Boeny regions.  Our participants were individuals who are either family blood donors, active voluntary blood donors, voluntary blood donors who have stopped doing so, or individuals who have never had experience donating blood. The same questionnaire guide was developed for individual interviews and focus group sessions. All discussions were recorded with a digital voice recorder and then transcribed verbatim. The transcribed data was analyzed manually starting with the splitting by concept followed by line-by-line coding. Similar codes were grouped into categories, and these were in turn grouped to identify recurring themes in the data set. Results: We identified nine recurring themes divided into four groups: 1) individual factors, 2) factors related to the functioning of the structure collecting blood, 3) sociocultural factors, and 4) contextual factors. Conclusion: Most of the factors identified in this study require targeted short- and long-term actions. They can be grouped into three areas: (1) improvement of the functioning of blood collection and distribution structures; 2) improvement and strengthening of the awareness of voluntary blood donation; and (3) better preparedness to deal with potential health disasters.

Keywords: influencing factor, voluntary blood donation, qualitative research, Madagascar


Comment citer cet article : Hanitriniala SP, Rakotonandrasana HD, Rasoamananjara JA. Facteurs influençant le don de sang bénévole à MADAGASCAR : étude qualitative. Revue Sc. Santé. 2023 ;4 :1-11

I- INTRODUCTION                  

La transfusion sanguine sauve des vies et le don de sang est un facteur clef dans les systèmes de santé. Parmi les matériaux substitutifs, le sang reste le plus disponible et recevable [1].  Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la politique nationale de transfusion sanguine et l’organisation des services pour un approvisionnement en sang suffisant doivent faire partie intégrante de l’infrastructure sanitaire d’un pays [2]. Chaque année, dans le monde, 112,5 millions de dons de sang sont collectés [3]. L’approvisionnement en sang est différent selon les pays : le taux médian de dons du sang dans les pays à revenu élevé est de 32,1 pour 1000 habitants, contre 14,9 dans les pays à revenu intermédiaire supérieur, 7,8 dans les pays à revenu intermédiaire inférieur et 4,6 dans les pays à faible revenu [4].  Effectivement, si à l’échelle mondiale, 80 millions d’unités de sang sont données chaque année, seulement deux millions d’unités sont données en Afrique subsaharienne où les besoins sont énormes [5]. L’accès au sang reste en difficulté et la pénurie est mondiale et constante [6]. La pénurie subsiste et pour garantir des réserves suffisantes en sang, les services de santé ont besoin de la collaboration des donneurs volontaires [7]. Mais souvent, le nombre de dons reçus est insuffisant pour couvrir l’intégralité des besoins [8].  Selon l’OMS, il existe trois types de donneurs de sang : les donneurs volontaires non rémunérés, les donneurs pour un membre de la famille ou donneur de remplacement, les donneurs rémunérés [7].

Le meilleur moyen de garantir un approvisionnement sûr et suffisant en sang ou produits sanguins pour la transfusion est de disposer d’un bon approvisionnement basé sur les dons réguliers de sang de donneurs volontaires et non rémunérés [9].Ce groupe de donneurs se trouverait être le plus fiable car il participe à ce don de manière altruiste. Un donneur de sang volontaire non rémunéré donne librement du sang, du plasma ou des éléments figurés du sang [2].

En 2011, l’OMS ainsi que la Fédération Internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ont élaboré un objectif commun visant à l’obtention de 100% de dons de  sang volontaires et non rémunérés dans le monde entier, permettant d’assurer un approvisionnement fiable et durable en sang. Un constat international insiste sur le besoin de fidéliser les donneurs réguliers, de recruter de nouveaux donneurs de sang, particulièrement en ciblant les jeunes pour les faire participer au don de sang [2].

A Madagascar, les dons de sang bénévoles restent faibles [10]. Des connaissances approfondies des facteurs influençant le don de sang bénévole s’avèrent utiles pour répondre aux besoins d’urgence en cas d’accidents de la route, de la circulation, de complications de la grossesse et de l’accouchement, de divers troubles anémiques et des urgences chirurgicales, entre autres. La présente étude a pour objectif d’identifier les facteurs influençant les dons de sang bénévoles à Madagascar.

II-MATERIELS ET METHODE

Type d’étude

Il s’agit d’une étude qualitative exploratoire utilisant des interviews individuelles et des focus groups comme moyens de générer des données. 

Lieux d’étude et période d’étude

L’étude a été conduite dans la Région Analamanga et la Région Boeny dans leur Centre Régional de Transfusion Sanguine (CRTS) respectif, du mois de juillet au mois de novembre 2022.

Participants

Les participants à cette étude ont été sélectionnés de façon dirigée. Ce sont des individus qui viennent aux CTRS ou sur les sites mobiles de collecte de sang pour différentes raisons comme que le don de sang bénévole ou non ou pour se procurer de poche de sang ou autres services. Ce sont des gens qui ont plus de 18 ans au moment de l’étude, ayant déjà participé ou non aux dons de sang (donneurs familiaux (DF), donneurs de sang bénévole régulier et actifs (DBR), donneurs de sang bénévole réguliers qui ont arrêté de donner du sang (DBRA), personnes n’ayant jamais fait un don de sang (ND). Ces individus ont été approchés par le chercheur, les objets de l’étude leur ont été expliqués puis leur consentement à participer a été demandé. Les interviews individuelles ont été conduites immédiatement après obtention de leur consentement respectif… Pour les séances de focus group, ceux qui ont consenti à participer ont été invités à venir au lieu où les séances ont été organisées.

Collecte des données Nous avions préparé un même guide de questionnaire, tiré à partir de revue de littérature sur le don de sang, aussi bien pour les interviews individuelles que pour les séances de focus group. (Guide de questionnaires)

Ce guide de questionnaire a été élaboré pour discuter avec les participants des aspects généraux du don de sang et pour identifier les facteurs influençant le don de sang bénévole. Des points non prévus par le guide de questionnaire étaient discutés au cours des interviews individuelles ou des focus group lorsque le chercheur conduisant la collecte de données les avait trouvés pertinents. Toutes les discussions au cours des interviews individuelles et des focus group ont été enregistrées sur dictaphone digital.

Nous avions commencé l’analyse tout en continuant la collecte des données. Cela nous a permis d’ajuster et étoffer le guide de questionnaire en cas de besoin pour les prochaines collectes de données. La collecte des données a été poursuivie jusqu’au point de saturation convenu par les chercheurs (i.e. lorsqu’il n’y a plus de nouvelles idées lors de la collecte des données).

Préparation et traitement des données

Les données sonores enregistrées ont été transcrites mot par mot sur le logiciel Microsoft Word. La transcription ainsi produite a été vérifiée par les chercheurs pour qu’elle se rapproche le plus de la version sonore. A ce stade, nous avions donné un surnom à chaque participant pour ne pas divulguer leur identité. Les données transcrites ont été ensuite copiées sur le logiciel Microsoft Excel où l’analyse proprement dite a été réalisée.

Analyse des données

Nous avions conduit une analyse thématique des données [10]. Nous avions commencé par lire et relire à maintes reprises la transcription afin de nous familiariser avec les données. Nous avions ensuite fragmenté les propos de nos participants par concept contenu dans une phrase ou une portion de texte. A chaque concept a été allouée une étiquette ou code. Les codes similaires ont été regroupés pour former des catégories. Les catégories similaires ont été regroupées à leur tour pour former des thèmes qui sont des idées qui se répètent et se répètent encore dans l’ensemble des propos de nos participants.

Considérations éthiques

Cette étude a obtenu l’approbation du Comité d’Ethique pour la Recherche Biomédicale auprès du Ministère de la Santé Publique (CERBM) à Madagascar et a été enregistrée sous le numéro N° 064MSANP/SG/DAAM du 30 juin 2022, N°166MSANP/SG/AMM/CERBM du 31 juillet 2023. Un surnom a été donné à chaque participant pour ne pas divulguer leur identité.

III- RESULTATS

Pendant les interviews et les focus groups, un total de 35 personnes ont participé à l’étude, composées de 11 donneurs de sang bénévoles, 4 donneurs de sang familiaux ou de remplacement, 9 personnes n’ayant jamais donné leur sang et enfin 11 donneurs ayant arrêté leurs dons. Leur âge moyen était de 41 ans (minimum : 18 ans, maximum : 65 ans), avec un sex-ratio F/H de2.2. Pour les 2 techniques, les participants lors des interviews individuelles étaient hétérogènes tandis que pour les séances de focus group, le premier groupe était homogène constitué de 7 individus qui n’ont jamais donné de sang, le deuxième et le dernier groupe étaient composés successivement de 8 individus donneurs bénévoles ajoutés des donneurs familiaux et de 8 individus ayant arrêté leurs dons de sang. (Tableau 1). Neuf thèmes repartis en quatre groupes ont émergé de nos données. Ils sont résumés dans le Tableau 2.

Tableau 1. Répartition des participants selon les facteurs socio- démographiques

Interviews individuelles
n(%)
Focus group
n(%)
Genre M7(63,64)4(36,36)
F5(20,83)19(79,17)
Groupe d’âge18-303(23,08)10(76,92)
31-402(28,57)5(71,43)
41-503(28,57)4(57,14)
>504(50,00)4(50,00)
Status vis-à-vis du don de sangN’ayant jamais donné de sang2(22,22)7(77,78)
Ayant arrêté du don de sang3(27,27)8(72,73)
Donneur de sang bénévole3(27,27)8(72,73)
Donneur de sang familial4(100,00)0(0,00)
Caractéristiques des participantsParticipantshétérogène
Groupe 1homogène
Groupe 2mixte
Groupe 3mixte

Tableau 2. Facteurs influençant le don de sang bénévole

Groupes de thèmesThèmes
1. Facteurs individuelsi. Vision personnelle du don de sang bénévole
ii. La peur lors du prélèvement
2. Facteurs liés au fonctionnement de la structure pour le prélèvement de sangiii.Qualité de l’accueil
iv. Qualité des matériels pour le prélèvement
v. Problèmes de corruption autour de la gestion du sang
vi. Niveau de connaissance et qualité de la sensibilisation sur le don de sang
3. Facteurs socioculturelsvii. Mentalité
viii. Préoccupations quotidiennes
4. Facteur contextuelix.La pandémie de COVID-19

1. Les facteurs individuels influençant le don de sang bénévole 

  1. Vision personnelle du don de sang bénévole

Les participants ont évoqué que donner du sang de façon bénévole est intéressant sur plusieurs aspects :

Premièrement, c’est l’expression d’un acte de bienfaisance gratuite en sauvant la vie des autres. « Donner du sang, c’est aussi sauver la vie d’êtres humains. » (Jaona, Interv. [Interview], DBR)« Ce qui m’a incité le plus est de savoir que mon sang peut sauver de nombreuses vies. » (Fenohasina, FG [focus group]2, DBR) Donner du sang est un acte permettant d’exprimer physiquement l’esprit de partage avec les autres. Cela leur donne une satisfaction et ils considèrent leur acte comme un privilège.  « L’avantage c’est que ça (donner du sang) sauve des vies. » (Zoto, Interv., DBR) « J’aime bien aussi partager aux autres… (et je le fais en donnant mon sang). » (Zefakely, Interv., DF)

Deuxièmement, donner du sang de façon bénévole est intéressant car cela leur donne des avantages lorsqu’ils ont besoin de transfusion sanguine pour eux-mêmes ou pour les membres de leur famille.

En effet, les donneurs bénévoles voient la procédure pour l’obtention de poche de sang gratuite facilitée en cas de besoin. Cet avantage est valable, lorsque la personne ayant besoin de sang est hospitalisé dans un hôpital public dans un hôpital privé. Leur possession de carte spécifique les identifiant facilite cet avantage.

« Comme c’est un hôpital public, on ne paie rien (pour obtenir de poche de sang), tout est gratuit pour nous. » (Lisy, Interv., DBRA)« La consigne qu’on a reçue, c’est qu’une carte de donneur peut être à profit des parents et de la famille des donneurs bénévoles (quand on a besoin de poche de sang) » (Falikely, FG2, DBR)

Troisièmement, donner du sang de façon bénévole est intéressant étant donné que cela affecte positivement leur propre santé. « On sauve des vies et on reste en même temps en bonne santé … c’est l’avantage d’être donneur bénévole. » (Koto, Interv., DBR)« Quand je pouvais encore le faire (donner du sang), je me sentais en pleine forme. J’avais des problèmes de tension artérielle mais chaque fois que je faisais un don de sang, je me sentais mieux. » (Faralahy, Interv., DBRA)

Quatrièmement, donner du sang permet au donneur de sang un suivi régulier et gratuit de son état de santé. En effet, les donneurs de sang peuvent bénéficier de certains suivis gratuits de leur état de santé avant chaque don de sang comme le suivi de leur tension artérielle, de leur poids corporel et ils bénéficient également de différentes analyses biologiques telles qu’un dépistage des infections transmissibles par le Sang comme le VIH, l’hépatite B et C, la Syphilis et le paludisme.

« Ce qui m’a beaucoup plu est de recevoir les résultats de mes analyses de sang, et tout cela est gratuit. » (Fenobe, FG2, DBR)

ii. La peur limite le don de sang bénévole

La peur face à l’imminence d’un acte sanglant, en particulier pour les nouveaux donneurs, constitue également un autre facteur individuel affectant la décision de s’engager dans un don de sang bénévole.

« …d’emblée c’était la peur qui a dominé mon esprit. » (Feno, FG2, DBR).

Cette peur peut être de différentes origines comme la peur des aiguilles et de la douleur qu’elles entrainent, la peur de s’évanouir. Tout cela rend difficile la décision de passer à l’acte en particulier pour certaines personnes qui n’ont jamais fait un don de sang.

« … j’avais très peur…peur de m’évanouir… j’ai eu peur de la grosse seringue. » (Falihery, FG2, ND)

Une autre origine de cette peur est l’existence de rumeurs concernant l’existence de trafiquants de sang (mpakarà) ou d’organe comme le cœur (mpakafo).

« Il y a ceux qui ont peur en apprenant que des personnes vont venir prendre leur sang, ils considèrent ces personnes comme des trafiquants de sang. » (Ndrema, P2, DF)« Dans le passé, on entendait parler d’étrangers trafiquants de sang, d’organes comme le cœur. Cela tique parfois les gens (et les empêche de venir donner leur sang) ».  (Jaona, Interv. , DBRA)

2. Facteurs liés au fonctionnement de la structure pour le prélèvement de sang

iii. Qualité de l’accueil des donneurs de sang

L’accueil est la première section du circuit de don de sang et reflète déjà le fonctionnement de la structure pour le prélèvement de sang en général. Les participants ont partagé leur expérience sur la mauvaise organisation de l’accueil des donneurs de sang. Les donneurs potentiels peuvent être confrontés à de longues attentes pour s’inscrire s’ajoutant au temps nécessaire pour remplir les formulaires et passer à l’entretien médical.

« Nous attendons le ticket d’accès. Nous attendons. Et les agents qui assurent l’accueil nous disent de patienter… Mais au moment du partage des tickets d’accès, ceux qui sont au dernier rang reçoivent en premier et ceux qui sont arrivés tôt n’en obtiennent qu’en dernier. » (Faly, FG1, ND)

En outre, le comportement du personnel de santé œuvrant dans le domaine du don de sang entraine la démotivation des donneurs de sang car ils se sentent délaissés ou maltraités. Des comportements irrespectueux, inappropriés ou non professionnels ont été rapportés par les participants.

« On dirait que certains personnels au Centre de transfusion procrastinée. Ils demandent à ce qu’on revienne une autre fois parce qu’ils sont encore occupés pour le moment. » (Koto, Interv., DF)

« J’avais envie de devenir donneur bénévole mais quelqu’un m’a crié dessus donc j’ai renoncé. » (Faible, FG3, ND)

Comme nous venons de voir, le mauvais accueil freine le don de sang mais des attitudes positives et chaleureuses avec du sourire et de mots de gentillesse tout au long du processus pour le don de sang peuvent aider à rassurer et encourager les donneurs de sang.

« J’ai donné mon sang pendant la collecte du sang à …, et j’ai constaté que l’accueil était très chaleureux. Cela m’a beaucoup plu. » (Fenomanana, FG2, DBR)

« L’accueil est très chaleureux, on nous prend en charge comme des petits bébés » Fenotsiry, FG2, DBR)

La qualité de l’accueil, doux et chaleureux, tient une place importante et est une condition au don de sang. Un bon accueil avec une bonne prise en charge et de bonnes réponses aux questions posées peuvent aider les donneurs à se sentir valorisés et encouragés à revenir, comme ce participant a évoqué.

« Le don de sang dépend en grande partie de la qualité de l’accueil, comme le moment de la prise en charge, la pose des questions… Il ne faut pas être sévère. Celui qui accueille doit être très ouvert d’esprit pour réussir à convaincre de donner du sang. » (Zoto, Interv., DBR)

iv. Bons matériels pour le prélèvement de sang

La constatation par les donneurs de sang qu’on utilise de matériels de bonne qualité les encourage à participer au don de sang bénévole, sinon, ils étaient démotivés.

« Les matériels sont sains, performants et assurément désinfectés … car si jamais il y a des microbes sur ceux-ci, nos actes censés être des actes de salut seront alors vains. » (Ketaka, Interv., DF)

v. Problèmes de corruption autour du don de sang

Les participants ont évoqué des problèmes de corruption autour du don de sang. Certains d’entre eux ont parlé de rumeurs.

« … j’ai entendu des rumeurs sur la corruption avec les poches de sang. Je ne l’ai pas vu de mes propres yeux mais ce sont des rumeurs et des sous-entendus. » (Tsikifeno, FG3, ND)« Selon les rumeurs, il y a une corruption liée au don de sang… » (Feno, FG2, DBR).

D’autres témoignent de leur vécu quand ils étaient à l’hôpital.

« Ne soyez pas malade les amis car à l’hôpital…, on achète les poches de sang et c’est très coûteux … J’en étais vraiment témoin dans un service de l’Hôpital ‘‘…’’. J’ai dit à une responsable qu’on devrait remettre au stock les poches de sang qu’on n’a pas utilisé. Il y en avait deux (poches de sang). La personne en question a déjà rangé la première poche mais j’ai insisté à ce qu’on remette la deuxième à la Banque de sang. Elle a refusé, disant qu’on allait encore l’utiliser … Mais une heure après, le patient mourut. Où est alors passé cette poche de sang que l’on n’a pas remise à la Banque de sang ? On ne savait pas. Plus tard, j’ai demandé à un membre de la famille du défunt et elle a répondu qu’on les avait payées. » (Jaona, Interv., DBR)

« Par exemple dans une salle d’hôpital, si un malade a besoin d’une transfusion sanguine et que son garde malade doit le chercher immédiatement, le circuit pour arriver aux poches de sang est entouré de corruption. A vrai dire, on doit payer pour réussir à les avoir afin que leur malade soit sauvé à temps. » (Tsikitiana, FG3, DBRA)

« L’agent de santé dans la salle a dit qu’il trouve du sang pour notre famille malade, à vrai dire il vend du sang. » (Fenotsiory, FG2, DBR)

Face à la corruption, les gens n’osent pas dénoncer les responsables par crainte de représailles et les gardes malades acceptent de payer aux agents de santé.

« Personne n’ose pointer du doigt la personne en question (celui qui vend du sang) puisque tout le monde pense que la conséquence est que leur patient ne sera plus soigné comme il faut et peut être même se faire tuer par vengeance du personnel de santé. » (Fenotsiry,FG2, DBR)

« Je n’ai pas envie de réagir (face à la constatation de vente de sang) car si on n’achète pas la poche de sang dont (notre malade a besoin, il n’obtiendra pas les soins et peut même finir par mourir. » (Fenohasina, FG2, DBR)

Le sujet sur l’existence de corruption entraîne des réactions diverses de la part des personnes susceptibles de donner bénévolement leur sang. La vente de sang fait obstacle au don de sang bénévole.

« Le premier obstacle aux gens qui veulent faire un don de sang est le fait d’entendre que des personnels de santé vendent des poches de sang à des prix très coûteux alors qu’on donne gratuitement.» (Fenobe, FG2, DBR)

« L’une des raisons qui dissuade certaines personnes à donner du sang est le fait de connaitre qu’elles donnent gratuitement mais les personnels de santé les vendent après. » (Tsikifitia, FG3, ND)

vi. Niveau de connaissance et qualité de la sensibilisation

Les participants ont évoqué que beaucoup de gens ont des connaissances limitées voire nulles sur le don de sang. Parfois même, les gens ne savent pas du tout ce que c’est un don de sang, ni même la place où il a lieu.

« Nombreux ne savent pas encore l’existence du don de sang bénévole. » Falihery, FG2, ND)

« Je ne sais pas où est l’endroit (pour faire un don de sang) ? » (Liva, Interv., ND)

En outre, beaucoup ne savent pas les conditions pour être donneur de sang.

« Il y a des rumeurs disant que les personnes qui boivent de l’alcool ne peuvent pas donner leur sang … » (Fenotsiry, FG2, DBR)

« Je ne connais pas vraiment les conditions de don de sang. » (Nenisoa, Interv. ND)

Les participants ont évoqué que la sensibilisation sur le don de sang est insuffisante et il y a des améliorations à faire sur ce sujet si on veut encourager les gens à le faire bénévolement.

« Je trouve que la sensibilisation n’est pas encore suffisante. » (Liva, Interv.,ND)

« … je vois que les sensibilisations (sur le don de sang) manquent et elles ne sont pas claires. Elles ne passent pas bien… » (Feno, FG2, DBR)

« Une personne fera un don de sang lorsqu’elle sera correctement sensibilisée. » (Nenisoa, Interv. ND)

3. Facteurs socioculturels

vii. Mentalité

Les participants ont indiqué que la détérioration progressive de la mentalité basée sur le principe du« fihavanana », dont l’entraide fait partie, constitue un obstacle potentiel au don de sang bénévole.  Cet esprit d’entraide est actuellement remplacé par l’attente de contrepartie à chaque acte entrepris et cela se voit également dans le domaine du don de sang.

« Le premier obstacle (au don de sang) est notre culture actuelle …Les Malagasy tendent vers la matérialisation de tout ce qu’ils font. »(Faly, FG1, ND)

« Les ‘‘mercenaires’’ (des intermédiaires) existent toujours. Chaque fois qu’une personne veut du sang gratuitement, ils prennent tout de suite le relai. Je te donne (du sang) et en échange tu me paies… c’est comme du commerce. Le « fihavanana » malagasy ne tient plus. » (Falikely, FG2, DBR).

En outre, beaucoup de Malagasy ne sont prêts à donner du sang qu’en cas de force majeure, comme quand lorsqu’on a urgemment besoin de transfusion sanguine pour un membre de la famille ou un proche.

« Les gens ne donneront jamais de sang gratuitement, à moins qu’ils aient (par exemple) un parent malade ou que quelqu’un les engage pour vous donner du sang au lieu de le remplacer gratuitement… C’est la mentalité des gens d’aujourd’hui ! » (Fenosoa, FG2, DBR).

viii. Préoccupations quotidiennes La vie quotidienne peut être bien remplie avec des responsabilités familiales, professionnelles, scolaires ou autres. Les personnes peuvent se sentir débordées par leurs différents engagements, rendant difficile la recherche de temps pour rejoindre le centre de don de sang pour suivre le processus de don de sang bénévole.

« Ce qui arrive à la plupart des Malagasy c’est le stress et la recherche de nourriture, la tension artérielle et tout ce qui va avec. » (Zoto, Interv., DBR)

« Ce n’est pas qu’on n’est pas prêt à donner du sang mais à cause des obligations, on n’a pas le temps d’y aller. » (Nenisoa, Interv., ND)

4. Facteurs contextuels

ix. Conséquences  de la pandémie du COVID-19

Les participants ont évoqué les effets de la COVID-19 comme une entrave à la participation au don de sang bénévole. La crise sanitaire mondiale a entraîné des restrictions de déplacement pour limiter la propagation du virus et qui ont découragé les donneurs de sang à contribuer comme ils le faisaient régulièrement.

« A cause du COVID, beaucoup ont fait marche arrière. Une des raisons est la façon d’entrer à l’hôpital, vu qu’il y a du virus » (Jaona, Interv., DBR)

« Nous sommes toujours en période de COVID, certaines personnes pensent que le fait d’aller à l’hôpital pour donner leur sang peut être un facteur de contamination au virus de COVID. Alors, c’est mieux de ne pas y aller. » (Falibe, FG3, ND)

La pandémie a également entrainé le renforcement de la sécurité de l’hôpital où se trouve le CRTS. Les donneurs de sang doivent se soumettre aux nouvelles règles de sécurité, affectant ainsi leur souhait de donner du sang.

« Il y a un grand changement au niveau de la sécurité. Certaines règles strictes sont appliquées, alors le donneur désiste » (Falitiana, FG1, ND)

IV- DISCUSSION

Les études réalisées sur les facteurs influençant le don de sang bénévole à Madagascar en général sont encore peu nombreuses, et à notre connaissance, celle-ci en est la première de ce type réalisé au niveau des CRTS Analamanga et Boeny. La présente étude avait pour objectif d’identifier les facteurs influençant les dons de sang bénévoles à Madagascar.  Les résultats avaient révélé différents facteurs qui favorisaient ou limitaient le don de sang bénévole dans ces régions. La connaissance de ces facteurs pourrait nous permettre de cibler les niveaux où nous devrions agir afin d’accroître la participation au don de sang bénévole et de réduire les facteurs limitant cet acte.

Pour les facteurs qui favorisent le don de sang bénévole, nos résultats ont montré que les gens donnent leur sang lorsqu`ils perçoivent des satisfactions en rendant service à eux-mêmes et aux autres quand ils donnent bénévolement leur sang. Ce constat rappelle ce qui a été rapporté par l’étude menée par Doumbia I. [12]. C’étaient des satisfactions morales d’avoir rendu service à une autre personne en lui donnant leur sang qui était les plus rapportées. Les donneurs avaient l’impression d’avoir effectué des actes de « sauvetage » de la vie de personnes en situation de danger pouvant être mortelle et d’acte de « bienfaisance ».Une enquête menée auprès de donneurs avait confirmé que considérer le don de sang comme un acte de bienfaisance constituait un facteur prédisant leur intention de participer à un don de sang [13].  Dans une enquête comparant le don de sang avec d’autres actes pro sociaux, des chercheurs ont constaté que le rôle de la bienfaisance dans le domaine du don de sang est particulier. En effet, le don de sang diffère de beaucoup d’autres types de comportement d’aide en raison de son coût personnel élevé » [12].

Notre étude a révélé également que la conviction personnelle de voir le don de sang comme un acte bénéfique pour soi-même motive les donneurs à donner leur sang, de façon régulière. Ce facteur a été retrouvé et rapporté par une étude menée au Maroc affirmant que les intérêts personnels sont des facteurs motivant le don de sang. Nous avions trouvé que des améliorations sont nécessaires dans le fonctionnement des structures assurant la transfusion sanguine. Si certains participants ont exprimé leur satisfaction en matériels et équipements utilisés dans ces structures, d’autres sont exprimées leurs inquiétudes concernant l’accueil et le traitement réservé aux donneurs lors de leur venue au centre de collecte de sang. Les résultats de l’étude ont soulevé les impacts de la qualité de l’accueil sur le choix de donner du sang ou de le continuer s’ils l’ont déjà fait. En fait, un mauvais accueil influence négativement la venue des donneurs de sang au niveau des centres de transfusion sanguine. Nous nous associons aux résultats trouvés par d’autres chercheurs sur le fait que le mode d’accueil est une condition importante si on veut attirer les gens à participer au don de sang bénévole [8]. Cependant, certains participants avaient déclaré qu’ils ont été bien accueillis durant leur don de sang et que cela les a encouragés à revenir. Ces cas peuvent être pris comme exemple pour tous les CRTS et les personnels qui y travaillent. Nous sommes convaincus que les approches centrées sur l’humanisation des soins devraient être appliquées dans le secteur de la santé, en général et au niveau des structures assurant le don de sang, en particulier [14].

Un autre facteur qui freine le don soulevé par les participants était l’insuffisance de la sensibilisation des donneurs potentiels. Une étude menée à Bamako au Mali soulignait l’importance de la sensibilisation de la population au sujet du don de sang, son insuffisance créa une situation de non-confiance pour les donneurs de sang [12]. Non seulement cette sensibilisation est insuffisante dans la présente étude mais elle a également besoin d’être ajustée dans ses contenus, ses méthodes et ses cibles. Les messages véhiculés dans les activités de sensibilisation en matière de don de sang, impacteraient positivement la situation du don de sang et de ce fait, ils avaient besoin d’être améliorés. On devrait inclure dans le contenu de la sensibilisation la gestion des facteurs individuels comme la peur et les angoisses avant le prélèvement. Elles pourraient empêcher les donneurs à ne pas ou ne plus revenir donner leur sang. Cette peur et cette angoisse pourraient être gérées par des messages clairs et rassurants disant que le don de sang est inoffensif. Nous avons besoin d’insister sur certains points comme les avantages découlant du don de sang dont, entre autres, ceux concernant les avantages pour la propre santé des donneurs évoqués par nos participants. Si on arrive à convaincre les donneurs potentiels qu’ils peuvent tirer profit de cet acte, ils seront plus motivés de le faire. C’est également dans la sensibilisation qu’on devrait mener des actions d’éducation des donneurs potentiels sur leur insuffisance de connaissances sur le don de sang. L’insuffisance d’information occasionne les désinformations et engendrent une situation contradictoire à la réalité, surtout dans les pays en voie de développement. A Madagascar, surtout à la campagne, la croyance et les rumeurs sur les soi-disant « mpaka ra, mpakafo » qui sont de sortes de trafiquants de sang ou d’organes persistent toujours, rendant difficile la persuasion des gens à participer au don de sang. Le rapport de l’OMS œuvrant dans un pays africain a affirmé que la rumeur qui tourne autour du don de sang et autour des donneurs occupe une place non négligeable en matière de gestion d’un centre de transfusion sanguine car elle favorise la réticence de la population au don de sang. Il faut donc déconstruire les préjugés et les rumeurs autour du don de sang si on veut faire participer et fidéliser les gens au don de sang bénévole [15].

Le changement de mentalité sur le don de sang, la gestion des facteurs socioculturels comme les rumeurs qui circulent autour du don de sang et sur la gestion du temps face aux préoccupations quotidiennes de chacun sont autant d’autres facteurs qui nécessitent une certaine éducation à travers la sensibilisation. Concernant la méthode de sensibilisation, une autre approche qui mériterait d’être mise en œuvre chez nous est la sensibilisation basée sur la communication interpersonnelle pour véhiculer les informations. Cette approche a été déjà utilisée ailleurs et a montré sa rentabilité [16]. De même, les réseaux sociaux sont aussi un moyen de motiver chacun à donner du sang, ils attirent tout le monde [17].

Cette étude a révélé également que la corruption est un facteur important influençant le don de sang. Nous avons trouvé qu’elle décourage les gens à faire le don de sang bénévole, pourtant il n’existe pas encore de moyen mise en place pour y remédier. Même ceux qui en sont témoins ou victimes n’osent pas toujours dénoncer cet acte condamnable rendant difficile les mesures pour sanctionner leurs commanditaires. En constatant la véracité ou non de la corruption, les gens ont tout simplement cessé de donner leur sang. La corruption est endémique à Madagascar, le pays tient un score inférieur à la moyenne avec une Indice de Perception de la Corruption dans le secteur public de 26/100, ce qui le met à la 142e place sur 180 pays [18].Le problème de corruption est difficile à cerner car ses facteurs de survenue font partie des problèmes systémiques complexes. Une solution que nous voudrions proposer est la mise en place de boîte de doléances dans les formations sanitaires, afin de collecter des idées pragmatiques venant des usagers pour faire face à ce fléau global.

La pandémie de COVID-19 a entraîné des conséquences importantes, souvent dévastatrices, sur la vie de l’humanité dans son ensemble et le secteur don de sang n’a pas fait exception. Nous avons vu que la pandémie a affecté négativement le don de sang en raison des nouvelles mesures de sécurité qui s’imposaient pour limiter la propagation de la maladie.  Ce que nous avons vécu lors de cette pandémie devrait nous servir de leçon pour l’avenir afin que nous nous y préparions mieux.

Limites de l’étude :

Nous ne pouvons pas ignorer le risque de biais de réponse face à l’enregistrement de son avec le dictaphone manuel. Bien que les objectifs aient été informés aux interviewés avant la prise de son, la plupart d’entre eux était méfiante. Ce qui entrave les réponses attendues. L’enregistrement était fait en malagasy, notre langue maternelle, ce serait possible de tout traduit en français et il semble d’avoir le biais de traduction. Aussi, l’analyse est basée sur la transcription textuelle, alors que le geste ne peut pas être traduit en texte mais il est signifiant.

V- CONCLUSION Les facteurs influençant le don de sang bénévole identifiés dans cette étude sont multiples. Des mesures qui peuvent être regroupés en trois axes principaux doivent être considérés si on veut accroître la participation des donneurs potentiels au don de sang bénévole: 1) l’amélioration du fonctionnement des structures de collecte et de distribution du sang : qualité de l’accueil, lutte contre la corruption ; 2) l’amélioration et le renforcement de la sensibilisation en faveur du don de sang bénévole dans ses contenus, ses méthodes et ses cibles ; 3) de meilleures préparations pour faire face aux éventuelles catastrophes sanitaires.  

VI- REFERENCES

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  2. Dupin CM, Deubelbeiss S, Dos Santos R et al. Interventions infirmières pour promouvoir la fidélisation des donneurs de sang : une revue rapide et réaliste de la littérature. In : Recherche en soins infirmiers. Association de recherche en soins infirmiers. Paris, Cairn Pro. 2019; 16-27. https://doi.org/10.3917/rsi.136.0016 (consulté le 24 août 2022)
  3. Suemnig A, Konerding U, Hron G, et al. Motivational factors for blood donation in first-time donors and repeat donors: a cross-sectional study in West Pomerania. Transfus Med. 2017; 27: 413-20. http://doi.org/10.1111/tme.12450 (consulté le 06 sept 2022)
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  9. Margaret Chan. L’OMS lance un appel pour que les dons de sang volontaires soient plus nombreux afin de sauver des millions de vies. Communiqué de presse : Genève, 2015. https://www.who.int/fr/news/item/10-06-2015-who-calls-for-increase-in-voluntary-blood-donors-to-save-millions-of-lives (consulté le 06 sept 2022)
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  15. Organisation Mondiale de la Santé. Le don de sang, «un acte de solidarité ». RDC. 2022. https://www.afro.who.int/fr/countries/democratic-republic-of-congo/news/le-don-de-sang-un-acte-de-solidarite (consulté le 06 sept 2022)
  16. Salomon BA, Joris LL Obstacles au don bénévole de sang dans la population de Kisangani en République Démocratique du Congo. Pan Afr Med J. 2014 ; 17 : 306.https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4198264/ (consulté le 24 août 2022)
  17. Bhuiyea MSH, Faiyaz SR, Jaman N, & Uddin MJ. (2022). Factors influencing voluntary blood donation practice among university students of Bangladesh. Transfusion and Apheresis Science. 2022;61(4):103379. https://doi.org/10.1016/j.transci.2022.103379 (consulté le 31 août 2023)
  18. Sarah T. Madagascar : résultats du rapport de Transparency International. 2023 –https://www.rfi.fr/fr/afrique/20230201-madagascar-les-r%C3%A9sultats-du-rapport-de-transparency-international-sur-la-corruption-divisent (consulté le 24 mars 2023)